Je suis une fille de 26 ans de la ville de Québec déménagée à Montréal depuis l’année passée pour faire des études en sciences infirmières à l’université McGill (moi et mon conjoint avons décidé il y a quelques années de faire un retour aux études après 6 ans sur le marché du travail dans le domaine de la restauration).
Mon conjoint ira aussi à McGill en génie chimique en 2006 après avoir complété un DEC en sciences pures. Plusieurs de mes connaissances et amis semblaient trouver farfelu le fait que je choisisse de déménager pour aller dans une université anglophone et plus coûteuse alors que Laval était à vingt minutes d’autobus de chez-moi. «Pourquoi McGill et pas Laval?!» me demandaient plusieurs indignés.
C’est comme si on me demandait pourquoi je préférais manger au Saint-Amour plutôt que chez McDo. Je suis prête à payer 2000 à 3000$ de plus de frais scolaires pour faire mon bac à une université anglophone de réputation internationale pour pouvoir m’installer en Alberta où j’ai déjà habité pendant un an de l’âge 18 ans à 19 ans.
En 1999 je suis partie seule dans l’ouest canadien avec mon anglais bouetteux (celui qu’on m’avait enseigné au Cégep) pour y travailler. J’ai travaillé dans un restaurant où aucun employé ne parlait ma langue et mes colocs étaient un Ontarien et un gars de la Nouvelle-Écosse qui ne parlaient pas un mot français.
Je vous dis que ça vous déniaise une adolescente pas à peu près! Je suis revenue de l’Alberta complètement transformée confiante et avec de l’argent plein les poches. Mais comme diront plusieurs Québécois l’argent ce n’est pas ça qui compte dans la vie! Le salaire annuel moyen d’une infirmière bachelière en Alberta est de 62 000$ (-10% d’impôt) et au Québec il est de 53 000$ (- 45 à 50% d’impôt). Faites le calcul vous-même.
Après 5 années de travail à titre de bachelière j’ai l’intention de faire des études de deuxième cycle de trois ans à l’université de Calgary (Nurse practioner program) pour devenir infirmière clinicienne.
Ce poste qui me permettrait d’ouvrir ma propre clinique médicale est à peine reconnu au Québec. En fait au Québec seul McGill offre ce programme et les deux seules infirmières cliniciennes de la province sont des profs de McGill dont une est Américaine et l’autre Ontarienne. Selon ces profs leur liberté de pratique au Québec est très limitée par toutes sortes de lois ridicules.
Une d’entre elle a par ailleurs planifié de quitter le Québec l’année prochaine pour pouvoir exercer sa profession en toute LIBERTÉ. Lorsque j’ai dit à certaines de mes collègues de classe francophones souffrant de Péqwisme aigu que je partais du Québec après mes études pour travailler en Alberta certaines ont dit; «c’est chien pour les Québécois que tu partes parce qu’on a tellement besoin d’infirmières ici mais c’est moins pire (attachez-vous bien!) parce qu’au moins tu t’en vas pas aux États…
Je pourrais vous en compter encore pour 5 pages mais je vais m’arrêter là de toute façon il n’y a plus rien à faire pour sauver cette province.
Je dis à tous ceux qui planifient de quitter le Québec bonne chance et lâchez-pas! et à ceux qui sont déjà en Alberta je leurs dis «watch out j’arrive!!!».
Julie S.